Le vent caressait lentement mes longs poils, je m'étirais sans gène dans ma grotte perdue et me levais d'un bond en voyant que le soleil pointait déjà le bout de son nez. La panique m'envahit pendant quelques instants, les lapins de l'aurore ont donc disparu ainsi que les biches, je vais devoir attendre le crépuscule pour me trouver un repas digne de ce nom. Ce n'est pas grave, j'a déjà jeûné pendant bien longtemps qu'un petit jour. Je traînais ma carcasse en dehors de mon trou et descendais la montagne à pas lourds. Je repensais à ma fille, notre querelle d'hier et tout ce qui c'était passé. Je devais aller voir cet homme-loup qui dirigeait la meute dont ma fille était lieutenante, je devais lui parler, je sais qu'il peut comprendre notre langage même si moi je n'arrive pas vraiment à comprendre le sien.

Ma patte droite ricocha sur une pierre que je n'avais vu et je manquai de m'étaler sur le sol. Je regardais furtivement aux alentours, personne ne m'avait vu, mon honneur avait été en jeu pendant une demie-seconde. Je poursuivais mon chemin vers les terres de la femme-loup, maîtresse de mon fils, je ne voulais voir aucun des deux pour l'instant, je voulais juste me rendre au chemin de fer qui remontait jusqu'à la ville polluée. Je trouverais peut-être de quoi me mettre sous la dent en chemin mais je ne pense pas. Il fait trop chaud pour les bêtes sortent dehors, les biches sont cachées dans les bois, je vais les laisser tranquille pour aujourd'hui, hier de faire un petit effet de surprise ce soir.

J'étais arrivée au chemin de fer, m’apprêtant à faire cette longue route mais quelque chose me laissais perplexe. Une petite boule de poil s'agitait non loin de moi. Je me tapis sur le sol, prête à bondir. Mais ce n'est pourtant pas la forme d'un lapin... Je m'approchais, écrasant quelques cailloux au passage. La boule de poil alla se tapir entre deux rails et je pouvais percevoir une petite truffe dépasser de tout ce poil. Que faisait un louveteau ici? Je léchais son poil et dis d'un ton froid avant d’enjamber le petit animal pour continuer ma route.

MINUIT •• T'inquiète tu peux sortir de ton trou, ils vont pas te bouffer les bipèdes..

Je poursuivais mon chemin, traînant mes pattes sur les rails et sur les nombreux cailloux qui s'enfonçaient dans mes coussinets. « Madame, c'est quoi votre nom? » Je me retournais, surprise, ce môme me suivait depuis tout à l'heure. Je regardai derrière lui, il y avait moyen qu'il ait ramené toute sa bande d'excités, mais il n'y avait personne, juste lui et moi. Je ne lui répondis pas, tournais ma tête en soufflant et continuais d'avancer, me dirigeant vers la brume matinale qui engouffrait le chemin de fer.

CIRCUS •• « Comment savez-vous que les grands à deux pattes sont gentils? »

Je regardais en l'air, si je l'ignorais il allait peut-être me lâcher et retourner dans sa meute, il portait sur lui l'odeur des loups de Sahïo, et il était sur ses terres donc il n'y avait pas de doutes. J'accélérais la cadence en espérant le semer mais la boule de poil s'accrocha à ma patte arrière, m'empêchant d'avancer. Trois secondes plus tard le petit s'écroula au sol en me priant de l'écouter. J'approchais ma tête vers lui, qui faisait la taille de son corps et lui soufflait.

MINUIT •• « Si tu te tais deux secondes je te répondrais »

Je le poussai avec ma patte pour qu'il roule et se relève puis lui tournais le dos pour marcher. Je marquai une pause et répondais à ses questions dans l'espoir qu'il s’éclipse après avoir obtenu ses précieuses réponses.

MINUIT •• « Je m'appelle Minuit. Certains hommes sont gentils, d'autre ne le sont pas, il faut se méfier de tous, sauf de ta maîtresse bien sûr et des autres chefs, eux ils sont gentils avec nous. Les gardes aussi sont gentils, mais les autres veulent notre fourrure ou juste nous éblouir avec leurs flashs. Méfie toi d'eux... »