Mes coussinets raclaient le sol depuis quelques longues minutes, mon estomac grondait famine et mes muscles avaient du mal à répondre à mes appels, je ne savais plus trop si je devais dormir, boire ou manger en premier. Quelque chose d'étrange allait se passer en cette grise matinée, moi qui croyais encore au beau soleil d'été je pense pouvoir l'oublier. Je cherchais une rpoie dans ce décor bucolique, descendant la montagne à petits pas pour accéder à la vallée qui regorgeait d'animaux en tout genre. Mais je n'avais pas l'âme à chasser, je voulais juste manger quelque chose, rapidement. Je tombai par tout hasard sur un terrier de lapin, enfonçai mes longues pattes avant à l'intérieur et rétirait par chance un lapereau plutôt grasouillait. Je n'en laissais pas une miette, je pris soin de jeter la carcasse ailleurs et me dirigeai vers le ruisseau pour me déshaltérer et enfin pour pouvoir dormir une bonne heure. Je n'avais pas dormis de la nuit, autant la journée il fait frais, auntant la nuit on meurs de chaud. Je fermais mes yeux, m'imaginais être tranquille pendant un petit moment mais la réalité me rattrapa aussitôt. A peine avais-je fermé mes yeux que mes pensées étaient déjà brouillées par l'image de Ter', mon défunt compagnon. Je me retournai, posant une patte dans l'eau et me laissai emporté par ce rêve de retrouver ma vie d'autant, avec mes enfants et Ter'. Je savais que cela n'arriverais jamais et j'eu une boule dans ma gorge, je ravalais ma salive, serrai mes crocs, je ne devais plus souffrir. Je me retournai de nouveau pour chasser toute ses images qui m'embrouillaient et ouvris subitement mes yeux verts, quelque chose venait de bouger. Je me redressai sur mes pattes et regardais aux alentours. Il y avait une jeune louve non loin de moi, elle était magnifique, arborait une fourrure brune et grise semblable à la mienne. Je baissai legèrement ma tête pour mieux l'observer et découvris avec effroi que cette louve n'était autre que ma fille que j'avais laissé il y a quelques années de cela. Elle ne m'avait surement pas reconnue, c'était impossible qu'elle me reconaisse. Je ne pouvais m'empêcher de la regarder, me souvenais encore de son petit corps de louveteau. Je n'avais pas le droit de replonger dans toute ses sensations...

Domino s'approcha de moi et une boule apparue dans ma gorge. Je ne regrettais pas ma fuite, mais comme toute mère je ressentais ce goût amer en pensant que ma fille avait réussit sa vie sans moi. Je regardai l'eau stagner, espérant ainsi passer inaperçu auprès de ma fille mais je voyais déjà la jeune louve s'approcher de moi doucement. J'aurais tellement aimé que sa question passe par une oreille et sorte par l'autre, qu'elle n'atteigne jamais mon coeur pour le briser en deux.

DOMINO •• Tu es ma mère n'est-ce pas?

MINUIT •• Oui.

Que dire d'autre? Je n'avais pas le droit d'entrer dans la vie de Domino après tant d'années d’absences inexpliquées, Lürinjimi m'avait pourtant demandé de revenir, mais je reviendrais lorsque ses images et cette souffrance seront enfin parti de mon esprit. J'étais peut-être partiede la meute mais j'étais toujours là, tout le monde sait que je me trouve ici, mais les visites que l'on me fait sont rarement celles des loups que j'apprécie. D'ailleurs je ne me souviens même pas avoir apprécié d'autre loups, si ce n'est ceux de ma famille. Je regardai ma fille, j'avais tellement de questions à lui poser, peut-être avait-elle déjà une portée, peut-être était lieutenante, peut-être que ... je demeurais immobile, aucun son ne sortait, je devais rester neutre plus que tout. Jamais je ne retournerai dans une meute, jamais.

Je cherchais tant bien que mal un échappatoire à cette situation plus que gênante, je restais de marbre face à ma fille, essayant de faire le vide dans mon esprit mais sans grand succès. Un multitude de questions se bousculaient dans ma tête, à un tel point que je ne savais plus quoi penser de moi-même, j'en ai oublié la raison de mon départ, de mon changement de caractère, de tout, j'en avais mal à la tête. Je tentais de me calmer mais ma fille s'énerva subitement après moi.

DOMINO •• Pourquoi tu nous as abandonné, hein? Parce que tu le voulais? Je suis sûre que tu le voulais. En fait, ton intention c'était de nous voir souffrir, c'est ça?

MINUIT •• Mon intention n'était pas de vous faire souffrir. Ton frère et toi vous n'auriez pas pu réussir dans la vie si j'étais à vos côtés, je n'étais plus moi-même à la mort de ... votre père. Et puis tu aimes bien Lürinjimi non ?

Je baissai ma tête, je sentais que Domino était furieuse contre moi, mais je refusai d'éprouver toute compassion, je savais que j'allais encore le regretter si je me mettais à souffrir. Je voyais la chair de ma chair me tourner le dos et instinctivement, contre mon gère, je m'avançai vers elle de façon à être à ses côtés. Je savais qu'elle m'en voulait terriblement, mais je ne pouvais pas revenir, et je n'aurais pas pus les épaulers les années précédentes, voir sa mère se morfondre toute la journée n'est pas forcément le meilleur pour apprendre à grandir.

Je me rendis brutalement compte de l'énormité que je venais de dire, j'avais l'impression que ma fille allait exploser sous ces paroles maladroites. Le vent soufflait dans mon pelage, m'apportant un frisson glacial dans l'échine de mon dos. Mon souffle chaud semblait faire tâche devant toute cette froideur.

DOMINO •• Mais maman, tu comprends pas. Tu sais pas ce que je ressens, ce que j'endure depuis que tu es partie. Arrêtes de penser à papa, il ne reviendra pas il dort là-haut, il est bien, là-haut. A cause de toi, je n'aime plus personne, pas même Lürinjimi. Et Freakshow ne me parle plus, il dit que je suis trop comme toi. Mais je ne suis pas comme toi, je n'abandonnerai jamais mes enfants, jamais je ne partirai de la meute, même si je n'ai personne pour me soutenir. Je n'ai que mes "hallucinations" et ces "voix" qui font que je m'accroche à la vie.

Une lame, c'était comme si un humain m'enfonçait une dague, me tirait dessus, comme si tombais d'une falaise pour m'écraser brutalement au sol. J'étais partie pour que mes enfants grandissent et j'apprenais que ma fille n'avait pas réussit. Elle n'aimait personne, n'avait donc pas famille, n'aimait pas Lürinjimi qui pourtant était le seul homme en lequel j'avais a peu près confiance et m'apprenait que Freakshow ne voulait pas la voir et elle avait des hallucinations comme son père. Je restai sans voix, que ma fille ait raté sa vie je m'en fiche, je pourrai toujours l'aider à la reconstruire, mais dans ses paroles je percevais le fait qu'elle ne m'aimait pas. Je regardais le ciel, mon amour était là, à mes côtés, je n'avais jamais voulu le rejoindre parce que je savais qu'un jour mes enfants auraient besoin de moi. Je m'assis sur le sol poussiéreux, le vent se calmait doucement, se transformant en une douce brise qui caressait mon pelage grisâtre.

MINUIT •• Je peux revenir, mais j'imagine que cela n'est pas ton principal désir. Je ne sais pas exctament quel est ton poste dans la meute de cet humain mais je peux aller lui parler si tu veux. Pour ton frère par contre j'ai bien peur qu'il soit irrécupérable, mais si jamais tu veux que je fasse quelque chose ...

Et voilà, j'avais complétement perdu la tête, voilà que je me mettais à parler sur un ton doux et rassurant. Mon instinct maternelle avait surement pris le dessus sur ma carapace froide que je m'étais forgée pendant des années..